Aujourd’hui, le débat sur l’égalité hommes-femmes occupe une place importante dans notre société. Pour réduire ces inégalités dans les entreprises, le Code du travail prévoit des sanctions. Est-ce suffisant ? Melissa Plaza, ancienne footballeuse professionnelle en doute. Elle milite, comme Harmonie Mutuelle, pour démontrer qu’agir pour l’égalité des chances est bon pour l’entreprise et son image.
Améliorer l’égalité hommes-femmes dans l’entreprise est désormais une question réglementaire : de nombreuses entreprises françaises ont été rappelées à l’ordre pour ne pas avoir mis en place de plan d’amélioration de la diversité au travail. Certaines sont même sanctionnées juridiquement ou financièrement. Cette année, le ministère du Travail a placé 800 entreprises françaises « en alerte rouge » sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Pour répondre à cette réglementation, qui pourrait encore se durcir dans les années à venir, nombre d’entreprises ont donc décidé de prendre les devants et de développer la parité dans les postes et les salaires. Une initiative salutaire car les inégalités professionnelles demeurent. Avec un écart moyen de salaire de 20 %, les discriminations salariales existent toujours par exemple, tout comme le « plafond de verre » qui limite la présence des femmes dans les fonctions à responsabilités.
Poser des objectifs chiffrés
« De plus en plus d’entreprises s’emparent du sujet. En termes d’image et de compétitivité, les employeurs commencent aussi à comprendre l’intérêt d’intégrer plus de diversité au sein de leurs effectifs », confie Noëlla Le Corvaisier, responsable Égalité des chances et diversité à la direction des ressources humaines chez Harmonie Mutuelle. Socialement responsable, cette entreprise mène une politique volontariste en matière d’inclusion professionnelle depuis plusieurs années et, en 2015, a signé un accord d’entreprise intégrant des objectifs chiffrés.
La mise en place d’une politique volontariste en faveur de la mixité et de l’égalité présente de nombreux bienfaits pour les entreprises. « Dans une équipe, cela engendre le brassage d’idées et la fertilisation de points de vue différents. Concrètement, c’est plus d’innovation et de créativité, plus de richesse et de performance, plus de qualité de vie au travail et de bien-être des équipes », insiste Noëlla Le Corvaisier qui vit cette réalité au quotidien dans son entreprise.
Plus de créativité et de performance
Peu à peu, les voyants passent au vert : aujourd’hui, près de la moitié des dirigeants estiment qu’améliorer l’égalité hommes-femmes est un moyen d’attirer les meilleurs talents féminins. Or près de 60 % des diplômés de master sont des femmes. Elles sont majoritaires dans presque tous les cursus ! Des jeunes talents qui sont de plus en plus sensibles aux engagements dits RSE (Responsabilité Sociétale des entreprises) des entreprises. Celles qui s’inscrivent dans la modernité tant sur le plan environnemental que sur les enjeux de l’égalité des chances et la diversité ont plus de chance de les séduire. S’engager dans l’égalité homme-femme c’est améliorer sa « marque employeur », un point crucial de performance.
Accompagner les carrières
Dans les entreprises où sont constituées une ou plusieurs sections syndicales d’organisations représentatives, l’employeur se doit d’engager des négociations annuelles sur l’égalité professionnelle. À l’exemple d’Harmonie Mutuelle dont les résultats probants sont la conséquence directe de l’accord d’entreprise favorisant la mixité dans tous les métiers et à tous les niveaux hiérarchiques.Ce plan d’actions comprend également l’accompagnement des carrières féminines sur la durée et des actions de sensibilisation pour lutter contre les stéréotypes de genre, une des causes majeures de discrimination dans les recrutements.
Déconstruire les stéréotypes
Dans le cadre de ces actions, Harmonie Mutuelle a organisé, à Brest en octobre dernier, une conférence sur « L’égalité au travail : taclons les clichés ». Mélissa Plaza en était l’invité d’honneur. Ancienne footballeuse professionnelle, elle milite activement pour promouvoir l’égalité hommes-femmes et l’égalité des chances. Se référant à une enquête du forum économique mondial, elle rappelle « que si l’on continue à évoluer au rythme d’aujourd’hui, la vraie égalité professionnelle n’aura lieu qu’en l’an 2186 ». Inacceptable selon elle : « Il faut bouger les consciences. Trop de gens passent à côté de leur vie car ils ne font pas ce qu’ils aiment. Cela parce que toute leur vie on leur a répété que ce n’était pas pour eux. »Or cette battante, qui a aussi évolué en équipe de France, tout en menant des études de psycho et en travaillant à côté pour compenser un salaire de footballeuse professionnelle insuffisant pour vivre, rappelle aux entreprises « que l’on est jamais aussi motivé et compétent que lorsque l’on fait quelque chose que l’on aime ». Mais pour cela, il faut que chacun dans la société cesse « de répéter au quotidien que tel sport ou tel métier n’est pas fait pour les filles ».
Son livre Pas pour les filles ?, édité chez Robert Laffont, fait passer le message.
Un index national d’égalité
Depuis le 1er mars 2019, les entreprises de plus de 1 000 salariés sont tenues par la loi de rendre publics cinq indicateurs sur les écarts de salaires hommes-femmes en leur sein. Ces indicateurs concernent :- les écarts de salaires au même poste et au même âge,- les chances d’obtenir une augmentation pour une femme,- les chances d’obtenir une promotion pour une femme,- Le rattrapage salarial pour les femmes après un congé maternité,- le nombre de femmes parmi les plus hautes rémunérations de l’entreprise.
Depuis le 1er septembre 2019, cette obligation est étendue aux entreprises de plus de 250 salariés. Les entreprises avec des scores trop faibles devront mettre en place des mesures de correction sous peine de sanctions financières.
L’égalité homme femme est une des thématiques à prendre en compte dans les négociations pour la qualité de vie au travail en entreprise. Une négociation qui se prépare si l’on veut avancer.
Qualité de vie au travail : l’égalité hommes-femmes devient une priorité
Transmis par :
Alain Cloche Consultant Indépendant
VIGIE Voltaire – Veille Informationnelle et Gestion de l’Intelligence Economique – Membre du SYNFIE