Pauline Chateau, 14/10/20

RETRAITE. A la demande du Premier ministre, le Conseil d’orientation des retraites a rendu une note sur l’impact de la crise sanitaire sur le système de retraite. Que dit ce document ? Quel impact pour la réforme des retraites, toujours suspendue ? On fait le point.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a rendu une note d’étape au gouvernement, ont révélé Le Monde et Les Échos le 13 octobre. Elle répond à une demande du Premier ministre, Jean Castex, l’été dernier, afin de déterminer l’impact de la crise sanitaire sur le système de retraite. Résultat, le déficit pourrait atteindre 25,4 milliards d’euros en 2020, soit 1,1% du PIB, rapporte le quotidien du soir. Ces estimations sont légèrement inférieures à ce qui avait été annoncé en juin dans un premier temps (29,4 milliards d’euros). Ces chiffres sont le fruit d’une diminution des recettes (-5,4%) par rapport à l’an dernier. Activité partielle, baisse des cotisations versées ou encore report de paiement constituent autant de facteurs déterminants. La crise sanitaire du coronavirus provoque un besoin de financement supplémentaire estimé à 5 milliards d’euros par an à partir de l’an prochain, précise le COR. Cette note d’étape constitue un prélude au rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites qui doit être dévoilé fin novembre. C’est ce document qui doit servir de base aux discussions sur la réforme des retraites.

Le calendrier de cette dernière reste pour l’heure très flou. « Nous allons regarder ce que va nous rendre le COR [Conseil d’orientation des retraites] et nous pourrons, (…) être à même de faire des propositions », avait indiqué Laurent Pietraszewski au micro de Public Sénat, au début du mois. Aucune échéance n’a été fixée. Pour rappel, la réforme des retraites avait été suspendue, après avoir été adoptée en première lecture à l’Assemblée, en raison de l’épidémie de coronavirus. Le Premier ministre, Jean Castex, avait promis que la réforme serait « maintenue ». Dans le même temps, il a promis une nouvelle méthode, distinguant la réforme dite systémique – visant à l’établissement d’un système universel – et le volet financier.

Que va donc devenir le contenu de la réforme adoptée en première lecture ? Au printemps, l’exécutif avait fait savoir à plusieurs reprises que la réforme serait reprise, mais en partie seulement. Dans cette optique, une proposition de loi communiste a été approuvée par le Parlement. Elle permet de concrétiser une des promesses du gouvernement :
la revalorisation du minimum de pension des agriculteurs – tous les exploitants agricoles -, de 75 à 85% du Smic.

Cette mesure ne verra toutefois pas le jour avant 2022. Elle doit assurer une garantie à 1 025 euros mensuels, soit un gain de 120 euros, pour une carrière complète. De nouvelles concessions pourraient être faites. Il serait notamment question d’appliquer la clause du grand-père (autrement dit, faire en sorte que seuls les nouveaux entrants des régimes spéciaux basculent dans le système universel). L’ambition initiale de la réforme des retraites est d’aboutir à un système universel, mettant donc un terme aux 42 régimes de retraite existants en France. Système universel, valeur du point, âge pivot… Retrouvez dans cet article tout ce qui était initialement prévu pour votre retraite, en attendant les prochaines négociations avec les partenaires sociaux.

Vous souhaitez savoir comment préparer votre retraite dans le contexte actuel, que vous soyez concerné ou non par ce projet de loi in fine ? Linternaute.com s’est penché, pour vous, sur cette question. Consultez notre dossier dédié sans plus attendre.

QUEL SERA LE CALENDRIER DE LA REFORME DES RETRAITES ?

Pour l’heure, c’est la grande inconnue. Les concertations sur les retraites ont été repoussées de plusieurs mois. A l’été, Jean Castex avait fait savoir aux partenaires sociaux qu’il allait saisir le Conseil d’orientation des retraites, afin d’obtenir une nouvelle évaluation de la situation financière des régimes de retraite. Dans sa réforme initiale, le gouvernement souhaite la création d’un système de retraite universel, par répartition et par points. Il implique la disparition des 42 régimes de retraite existants. Un chantier d’ampleur qui suppose de très longues périodes de transition. Plusieurs éléments auraient dû être mis en place rapidement.

VOICI LES GRANDES ECHEANCES PREVUES DANS LE PROJET INITIAL :

  • 1er décembre 2020 : mise en place de la gouvernance du futur système.
  • Janvier 2021 : première revalorisation salariale des enseignants.
  • 1er janvier 2022 : mise en place du nouveau système pour la toute première génération concernée, née en 2004. L’intégralité de ses droits à la retraite sera donc calculée avec le système par points. C’est également en 2022 qu’est prévue l’instauration du minimum de pension de retraite à 1 000 euros pour une carrière complète.
  • 2025 : mise en œuvre du système de retraite pour la génération née en 1975 pour le régime général (1980 ou 1985 pour les régimes spéciaux et fonctionnaires, ayant un âge de départ avancé). Les droits à la retraite à partir de cette date seront calculés selon les modalités du système universel. Dans la version adoptée à l’assemblée, la transition à l’italienne a été retenue pour tous les actifs (salariés, fonctionnaires…). La conversion des droits acquis dans le système actuel de retraite se fera en fin de carrière et non en 2024. En clair, les 42 régimes de retraite vont donc continuer durant une très longue période de transition. La période de transition pour les indépendants a été allongée de 15 à 20 ans.
  • 2037 : les actifs nés en 1975 atteindront l’âge légal de départ à la retraite, à 62 ans. Certains, s’ils remplissent les conditions d’assurance, pourront alors partir à la retraite tout en ayant à l’esprit qu’un âge pivot (lire plus bas) pourra pénaliser le montant de leur pension.

QUI SERA CONCERNE SI LA REFORME EST MAINTENUE ?

Dans l’attente de la reprise des concertations avec les partenaires sociaux, la question reste suspendue. Dans le projet de loi initial, adopté par les députés en début d’année, les personnes qui sont déjà à la retraite ne sont pas concernées. Même son de cloche pour les personnes qui approchent de l’âge légal de départ à la retraite. Pour eux, le calcul des droits et le montant de la pension seraient les mêmes qu’avant et après l’entrée en vigueur du texte de loi.

Quand devait initialement intervenir la bascule ? En 2022, pour les jeunes nés en 2004, qui seront alors âgés de 18 ans. Pour les générations antérieures, la bascule, elle, était prévue en 2025 pour la génération 1975 pour le régime général. Vous êtes fonctionnaire ou affilié à un régime spécial qui vous permet aujourd’hui de partir à la retraite avant 62 ans ? Vous êtes concerné par la réforme des retraites, dans le projet initial, si vous êtes né après 1980, et que votre métier vous permet de partir dès l’âge de 57 ans. S’il vous permet aujourd’hui de partir à 52 ans – c’est le cas des conducteurs de la SNCF par exemple -, vous êtes concerné si vous êtes né après 1985. Pour vous aussi, l’entrée dans le système interviendra en 2025.

EN QUOI CONSISTE LE SYSTEME UNIVERSEL PAR POINTS ?

Faire en sorte « chaque euro cotisé donne les mêmes droits », quels que soient votre métier et votre statut. C’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement. En clair, le système universel implique une harmonisation des modalités de calcul des droits à la retraite. Vos droits ne seront plus calculés en trimestres mais avec des points. « Chaque heure travaillée ouvrira droit à des points », pouvait-on lire dans le projet de loi. Des points de solidarité seront attribués pour les périodes d’inactivité subies : chômage indemnisé, maladie, handicap et maternité.

Comment va-t-on acquérir ces fameux points ? Un taux de cotisation unique – à l’exception des indépendants – devait être mis en place à 28,12% jusqu’à 120 000 euros de revenus annuels, puis une cotisation non-créatrice de droits à 2,81%. Enfin, l’intégralité de la carrière sera prise en compte, et non plus les six derniers mois pour les fonctionnaires et les 25 meilleures années pour les salariés.

La question de la valeur du point n’avait pas été tranchée en début d’année, mais renvoyée à la gouvernance de la caisse de retraite universelle. Dans les faits, deux valeurs doivent coexister : la valeur d’achat (le montant que vous devez cotiser pour acquérir un point de retraite) et la valeur de service (le montant par lequel vous devez multiplier le nombre de points acquis durant votre carrière pour obtenir le montant de votre pension de retraite).

Dans le projet de loi, il était inscrit que « la valeur d’acquisition des points sera fixée chaque année par le Conseil d’administration de la Caisse nationale de retraite universelle ». Même son de cloche pour la valeur de service. « La valeur du point ne pourra pas baisser, cette règle d’or étant inscrite à l’article 55 du projet de loi », complète le texte, précisant que la valeur sera indexée sur les salaires, et non sur l’inflation. Reste à savoir quel sera l’indicateur, le secrétaire d’État ayant reconnu en commission qu’un tel outil n’existe pas encore.

L’AGE PIVOT OU AGE D’EQUILIBRE, C’EST QUOI ?

Il constitue une des pistes avancées dans le rapport Delevoye, dévoilé il y a un an. Très concrètement, il implique la création d’un système de bonus-malus. Un assuré qui part avant cette borne d’âge verrait sa pension pénalisée par une décote. « Lors de l’entrée en application du système universel de retraite, ils [la décote et la surcote] seront fixés par décret à 5 % par an (0,42 % par mois) comme les actuels taux de décote et surcote », pouvait-on lire dans le projet de loi.

Il était initialement question de créer un âge d’équilibre dès 2022 pour la génération née en 1960 à 62 ans et quatre mois, pour le relever progressivement jusqu’à atteindre 64 ans en 2027 pour la génération née en 1965. L’idée a fait bondir la CGT, générant un véritable bras de fer avec l’exécutif en début d’année. L’idée d’une mesure d’âge (allonger la durée de cotisation via une accélération de la réforme Touraine ou créer un âge d’équilibre) n’était pas totalement écartée puisqu’elle a été abordée dans le cadre de la conférence de financement, reportée sine die en raison de la crise sanitaire.
Le projet de loi initial prévoyait l’instauration d’un âge d’équilibre dans le futur système, dès 2037 pour la génération 1975. L’étude d’impact suggérait alors de le fixer dans un premier temps à 65 ans, pour un assuré qui est entré dans la vie active à 22 ans et qui a « validé toute sa vie quatre trimestres par an, soit 43 années » (durée de cotisation requise dans le cadre de la réforme Touraine). Pour valider une carrière complète, il faudra valider 516 mois dans le futur système.

Et après ? L’âge pivot augmenterait d’un mois par génération, si on suit l’hypothèse de l’Insee selon laquelle l’espérance de vie progresse d’un mois et demi par an. Il pourrait ainsi atteindre 67 ans pour la génération née en 1999. Les projections de l’étude d’impact doivent être prises avec précaution, car elles dépendent de l’espérance de vie. Or cette dernière est loin d’être aussi linéaire qu’on le pense.

QUI SERAIT CONCERNE PAR LE MINIMUM DE PENSION A 1 000 EUROS ?

C’est une des mesures dites sociales de la réforme des retraites. Elle visait à porter le minimum de pension de retraite à 1 000 euros net par mois pour la réalisation d’une carrière complète (établie à 516 mois dans le projet de loi) dès 2022, puis 85% du Smic en 2025. « Les travailleurs indépendants et les exploitants agricoles sont les principaux concernés, le faible montant de leur retraite complémentaire portant leur pension à un niveau global inférieur à celui des salariés du privé », peut-on lire dans le projet de loi. Lors de son discours devant le CESE, le Premier ministre avait aussi précisé que des points de solidarité seront attribués pour les périodes d’inactivité subies (chômage indemnisé, maternité, maladie et handicap).

Pour rappel, les retraités du secteur privé peuvent aujourd’hui bénéficier du minimum contributif – à condition d’avoir le droit à une retraite à taux plein et que le montant total des pensions ne dépasse pas 1 177,44 euros mensuels -, dont le montant est de 636,56 euros par mois avec moins de 120 trimestres cotisés et 695,59 euros par mois avec plus de 120 trimestres, comme vous pouvez le lire sur le site service-public. Ce MICO vient en complément de la retraite de base. Les fonctionnaires, eux, perçoivent le minimum garanti aussi appelé MIGA, dont le montant est de 1 177 euros.

COMMENT LA PENIBILITE VA-T-ELLE ETRE PRISE EN COMPTE ? ET L’EMPLOI DES SENIORS ?

Les « métiers usants » auront la possibilité de partir « deux années plus tôt » grâce à la prise en compte de la pénibilité. Le compte professionnel de prévention (C2P) sera ouvert aux fonctionnaires classés en catégorie active – qui peuvent partir aujourd’hui de manière anticipée à 57 ans – et aux salariés des régimes spéciaux. « Le dispositif continuera de permettre un départ en retraite au plus tôt à compter de 60 ans en fonction du nombre de points affectés à cette utilisation, avec une diminution à due proportion de l’âge d’équilibre », pouvait-on lire dans le projet de loi.

Toute la question reste de savoir quels seront les métiers considérés comme « usants » Sur cette question, la balle a été renvoyée aux branches professionnelles. Ces dernières sont chargées de lister ces métiers usants et même de proposer des solutions pour la prévention de la pénibilité, dans les six mois qui suivront la publication de la loi, avait fait savoir Édouard Philippe à l’issue de la réunion multilatérale le jeudi 13 février.
Un assouplissement des critères a également été annoncé pour que le travail de nuit soit bien pris en compte. L’abaissement des seuils a été inscrit dans le projet de loi. Ils sont abaissés de 120 à 110 nuits par an et de 50 à 30 nuits pour les équipes alternantes. Enfin, pour les aides-soignants spécifiquement, il est prévu qu’un nouveau système soit mis en place pour financer un temps partiel, « sans perte de revenus », en fin de carrière.

Les critères de pénibilité, eux, ne devraient pas évoluer. Il existe aujourd’hui six critères au total : travail répétitif, en équipes successives alternantes, en milieu hyperbare, dans des températures extrêmes, dans le bruit et le travail de nuit. Pourquoi le gouvernement refuse-t-il la réintégration des quatre critères ? L’exécutif justifie sa position au motif que leur application technique n’est pas possible. Toujours dans cette optique de reconnaissance de la pénibilité, le ministère du Travail a aussi planché de son côté sur un congé de reconversion pour les salariés exerçants un métier pénible durant dix, quinze, voire vingt ans.
D’une durée de six mois, ce dernier serait payé 100% du salaire et accessible à partir d’un certain nombre de points accumulés dans le compte pénibilité.

L’autre enjeu majeur de la réforme des retraites est l’emploi des seniors. Sur la retraite progressive, Édouard Philippe avait réitéré en décembre son souhait de voir la retraite progressive étendue à tous, y compris les fonctionnaires et les cadres au forfait. La retraite progressive sera accessible dès l’âge de 60 ans et sera « beaucoup plus facile d’accès », pour le secteur privé et le public. Pour rappel, ce dernier est réservé aux assurés du régime général, du régime agricole et aux travailleurs indépendants. Il permet à un salarié de se mettre à mi-temps, donc de toucher un salaire correspondant à un mi-temps, et une partie de sa pension de retraite. « Les employeurs privés ne pourront désormais refuser le temps partiel à leurs salariés ouvrant droit à la retraite progressive que si cette quotité réduite de travail est incompatible avec l’activité économique de l’entreprise », complète-t-on à l’article 25 du projet de loi.

Et le cumul emploi retraite ? A l’heure actuelle, il est possible d’avoir une activité en étant retraité, mais elle ne permet pas d’acquérir de nouveaux droits. Dans le cadre de sa réforme des retraites, l’exécutif souhaite que toute activité salariée permette d’acquérir de nouveaux droits et ainsi de valoriser le montant de sa pension. « Lorsque les assurés liquideront leur retraite et continueront d’exercer une activité, ils acquerront des droits au titre des activités cotisées à partir de l’âge d’équilibre », pouvait-on lire à l’article 26 du texte. Certaines règles, elles, ne changeront pas : 67 ans restera l’âge à partir duquel un employeur pourra se séparer de son salarié avec son accord (70 ans sans son accord).
Une réflexion devait être initiée par Muriel Pénicaud autour d’un compte épargne temps « qui suivrait chacun de nos concitoyens tout au long de sa vie pour favoriser une gestion de son temps de travail de manière différenciée selon le moment de la carrière ». « Sans attendre, nous allons déplafonner dans la fonction publique le compte épargne temps pour rendre possible des mi-temps en fin de carrière par exemple à l’hôpital », avait fait savoir Édouard Philippe.

POURQUOI LES AVOCATS SE SONT-ILS OPPOSES A LA REFORME ?

Le projet prévoit un taux de cotisation harmonisé pour tous les actifs. Les indépendants, eux, font exception puisque le taux à 28% sera appliqué jusqu’à 40 000 euros de revenus (puis 12% jusqu’à 120 000 euros de revenus) par an. Les avocats, tout comme d’autres professions libérales et indépendants, craignent d’assister au doublement de leurs cotisations, et donc à la mort programmée de leur secteur. Pour compenser la forte hausse de charges, le gouvernement a promis une réforme de l’assiette de cotisations avec un abattement de 30%.
Des précisions ont toutefois été apportées sur la transition. « Il y aura un régime de transition jusqu’en 2040 (…), avec un lissage dans le temps qui peut même aller jusqu’en 2054 », avait ainsi avancé Nicole Belloubet. « Le régime normal d’augmentation (des cotisations retraites), c’est 0,5% par an à partir de 2029, cela fait 15 euros par mois. A partir de là, nous disons, choisissez une transition plus douce, plus solidaire si vous le souhaitez ».
La ministre de la Justice a démenti toute « baisse des pensions » des avocats dans le futur système. Pour rappel, le gouvernement a consenti au maintien de la CNBF (Caisse nationale des barreaux français). Elle sera chargée de la gestion de « l’ensemble des avocats », concernés ou non, par le projet, pouvait-on lire dans le communiqué du ministère de la Justice. La CNBF pourra également mettre en œuvre des mécanismes de solidarité propres à la profession et conserver les réserves accumulées dans le régime actuel. Ces propositions ne conviennent pas aux avocats. Et pour cause, ces derniers contestent le principe même du régime universel.

QUE DIT LA REFORME DES RETRAITES SUR LES FONCTIONNAIRES ?

Comme tous les assurés, ils verront leurs droits à la retraite calculés sur l’ensemble de la carrière. Les catégories dites actives, qui bénéficient de départs anticipés dans le régime actuel, ne pourront plus partir à 57 ans. En revanche, ils pourront bénéficier du compte professionnel de prévention (C2P) pour la prise en compte de la pénibilité – et donc partir, au plus tôt, à 60 ans à la retraite. Une concertation a été ouverte en ce sens, conduite par Olivier Dussopt. Elle doit rendre ses résultats la semaine du 10 février.
Le gouvernement a consenti à des exceptions pour les métiers régaliens : policiers, pompiers et militaires. Ainsi, les policiers pourront continuer à partir à la retraite à compter de 52 ans, à condition d’avoir réalisé 27 années de service. Une sur-cotisation patronale est également prévue pour ces fonctionnaires pour compenser la disparition de la bonification du 5e, qui permet d’acquérir une année supplémentaire de service tous les 5 ans travaillés.
Les enseignants, eux, vont bénéficier de revalorisations salariales, sous forme de primes. Les toutes premières revalorisations doivent intervenir dès le 1er janvier 2021 pour les nouvelles recrues. Pour les autres, la loi de programmation devrait s’étaler sur cinq ans, de 2022 à 2026, selon les informations des Échos. Pour l’heure, un budget de 500 millions d’euros par an est prévu avec une hausse cumulative. La loi devrait également fixer un pourcentage du produit intérieur brut (PIB) consacré à l’éducation, indique le quotidien économique.

Et sur la fiche de paie des enseignants, comment cela va-t-il se traduire ? « Nous voulons dès l’an prochain une augmentation qui puisse être entre 70 et 90 euros net par mois« , avait développé le ministre. Une chose est sûre, tous les enseignants ne seront pas logés à la même enseigne. Ceux qui sont nés après 1975, qui sont de facto concernés par l’entrée dans le système « universel » dès 2025, verront sans doute leurs salaires plus valorisés que ceux qui sont nés avant cette date. « Concrètement, dès 2021, un professeur débutant gagnera 100 euros de plus net par mois », a précisé le ministre sur BFMTV dimanche 23 février. « C’est comme si on faisait une prime annuelle de 1 200 euros net. Ça va aussi toucher les générations qui suivent, dans des proportions qu’on doit encore définir ».
Le ministre a laissé entendre que ces augmentations pourraient se faire « au mérite ». « Il y a une dimension commune à tous qui va faire qu’il y a une augmentation pour tous, car il faut monter le niveau général des rémunérations, et bien entendu il y a une dimension de mérite, ça existe déjà en partie, et on va probablement l’accentuer », a-t-il fait savoir au micro de BFMTV. « Ce qui va se passer, ce ne sera pas des clopinettes, ce sera extrêmement substantiel, sur une vie cela va représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros pour les personnes concernées », a défendu Jean-Michel Blanquer au micro de France info mercredi 19 février. Les prochaines négociations, prévues à partir du 24 février, s’annoncent houleuses avec les syndicats.

LES FEMMES SERONT-ELLES VRAIMENT GAGNANTES AVEC LA REFORME DES RETRAITES ?

L’exécutif a mis en avant les avancées sur les droits familiaux et les pensions de réversion. Une bonification des droits de 5% est prévue dès le premier enfant. Elle est assortie d’une majoration de 2% à partir de trois enfants. Le gouvernement a fait une croix sur l’allongement de la durée d’assurance. Il a proposé l’attribution obligatoire de la moitié des droits familiaux à la mère au titre de la maternité « au titre de la maternité sans possibilité de partage ». Les 2,5% restants, accordés au titre de l’éducation de l’enfant, resteront quant à eux partageables et attribués par défaut à la mère. Les femmes qui élèvent seules leurs enfants devraient, elles, obtenir des « points supplémentaires ».
Quid des droits déjà acquis ?
« Pour les enfants nés avant l’entrée en vigueur du nouveau système, les majorations de durée d’assurance ainsi que la majoration pour les parents ayant 3 enfants ou plus à cette date continueront de s’appliquer et seront prises en compte au titre de la garantie à 100% des droits acquis », pouvait-on lire sur le site du gouvernement. « Ces enfants donneront droit, pour la seconde partie de carrière réalisée dans le système universel, à l’attribution de la majoration de 5% et au supplément de 2% pour les familles nombreuses ».
Les conditions de la conversion de ces droits en points seront déterminées par ordonnance ultérieurement. Pour les parents qui réduisent voire interrompent leur activité pour élever un enfant, ils pourront acquérir des droits à la retraite via l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF). « Des droits seront ainsi versés au titre de la solidarité nationale à hauteur de 60 % du SMIC pendant les 3 premières années de l’enfant, et pendant les 6 premières années à partir du 3e enfant », était-il précisé.

Concernant la pension de réversion, il avait été décidé qu’elle serait ouverte dès 55 ans et qu’elle devrait garantir 70% de la retraite du couple. Sur la pension de réversion, il avait été annoncé que les femmes divorcées pourront toucher « 55% de la pension » du défunt. La pension sera proratisée à la durée du mariage, rapportée à la durée de cotisation et mise sous conditions de ressources, avait fait savoir Laurent Pietraszewski. Un amendement prévoit également un rapport sur l’extension de cette pension aux couples pacsés. Chaque enfant donnera droit à une majoration de la pension en points de 5%, dont la moitié automatiquement attribuée à la mère. Les parents isolés bénéficieront de points supplémentaires, tandis que les femmes aux faibles ressources auront droit à une garantie minimale de points.

Compte tenu de tous ces éléments, peut-on vraiment dire que les femmes sont gagnantes ? « La pension moyenne des futures retraitées sera améliorée de 6 % à 13 % pour les générations 1980-1990, alors que celle des hommes sera en moyenne inchangée pour la génération 1980, et augmentée de 6 % pour la génération 1990″, pouvait-on lire dans l’étude d’impact. Sur la durée d’assurance, l’allongement de la durée d’assurance pour les mères étant abonnés, certains craignent que les femmes ne soient pas en mesure d’avoir de vraies carrières complètes. Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a lui proposé d’abaisser l’âge du taux plein d’une année pour « le parent qui interrompt sa carrière pendant quatre mois », durée « commune d’un congé maternité ».