1er décembre 2021 – Protection Sociale Informations

Dans le rapport 2022 du Conseil d’orientation des retraites (COR), les projections du système de retraite seront déclinées selon quatre cibles de productivité (0,7 %, 1 %, 1,3 %, 1,6 %), avec un taux de chômage de long terme de 7 %.
Le COR, dont les projections ont vocation à éclairer la décision publique, se base sur des hypothèses, s’agissant des évolutions réglementaires, démographiques et économiques impactant le régime de retraite.
C’est pourquoi il vient d’acter quatre nouvelles cibles de productivité, en passant d’une fourchette de 1 %-1,8 % à 0,7 %-1,6 %. Souvent taxé d’optimisme béat par d’autres instances telles que la Cour des comptes, il a entrepris une démarche de réflexion approfondie (lire ci-contre) avant d’en arriver là. Pourquoi modifier les scénarios de croissance en particulier ? Ce sont eux qui impactent le plus les prévisions liées à notre système de retraite.
Et pour cause, le passage depuis trente ans d’une indexation des droits et des pensions sur les salaires à une indexation sur les prix a été un levier majeur de limitation de la part des dépenses de retraite dans le PIB impactées par le vieillissement de la population. Mais il présente « l’inconvénient de rendre la situation financière du système de retraite et la situation relative des retraités par rapport aux actifs fortement dépendantes du rythme de la croissance de la productivité, passée et à venir », a expliqué le directeur de l’Institut des politiques publiques, Antoine Bozio, devant les membres du COR.
Dans le rapport de juin 2021, selon la cible retenue, la part des dépenses de retraite dans le PIB représenterait entre 11,3 % et 13 % à l’horizon 2070. Ce n’est pas la première fois que ces hypothèses sont revues à la baisse : établies entre 1 % et 2,5 % par an, elles ont été calées entre 1 % et 2 % après 2012, puis ramenées entre 1 % et 1,8 % à partir de 2017.

Cette fois, le débat au COR a porté sur deux aspects.

  • Le nombre de scénarios à retenir. Fallait-il passer à trois plutôt que quatre, comme le souhaitaient certains ? Un nombre impair présente l’inconvénient de faire de la cible médiane l’hypothèse centrale. Or vu l’incertitude entourant les projections à long terme, le COR ne souhaite pas attirer l’attention sur un scénario plutôt qu’un autre.
  • Le niveau des cibles retenues. « L’option basse, ramenée de 1 % à 0,7 %, ne va-t-elle pas désormais prévaloir et servir à cautionner une future réforme du système des pensions ? » s’inquiète Michel Beaugas, qui plaidait initialement plutôt pour le statu quo. Et le représentant FO au COR de rappeler que les prévisions de long terme du groupe de travail européen sur le vieillissement (AWG) tablent sur une croissance future de 1,5 % par an.

La démarche du COR Le choix des hypothèses économiques du Conseil d’orientation des retraites (COR) pour le prochain exercice de projections s’est déroulé en trois temps, de février à novembre.

  • Jusqu’à mai, 82 économistes ont été consultés sur la base d’un questionnaire mis en ligne ; 23 ont répondu. Au total, ils ont indiqué leur préférence pour un décalage des scénarios de croissance vers le bas. Celui calé à 1 % (qui correspond à la croissance annuelle moyenne de la productivité depuis la sortie de crise de 2008) devient un scénario intermédiaire, et non plus « extrême ».
    En revanche, une majorité d’experts préconise de conserver comme hypothèse centrale un taux de chômage de 7 % à long terme (2032) et les variantes actuelles (4,5 % et 10 %).
    Enfin, tous s’accordent sur une relative stabilité concernant les hypothèses de partage de la valeur ajoutée entre travail et capital, et de durée du travail.
  • Le COR a organisé un colloque de restitution, le 15 novembre, qui a permis de confronter les points de vue des économistes.
  • Lors de la séance du 25 novembre, les membres de l’instance ont décidé d’actualiser les cibles de productivité.

En 2022, le COR se basera aussi sur de nouvelles hypothèses démographiques – celles que l’Insee publiera en décembre et qui devraient entériner une accélération du vieillissement de la population et un ralentissement de la fécondité.