Le lundi 6 septembre 2021 – Fabien Soyez
Le travail à distance augmente la productivité des cadres, mais accroît aussi leur fatigue. Ainsi que la pression sur les collaborateurs et sur les dirigeants, selon un sondage d’Adecco. En parallèle, l’Ugict-CGT décrit un temps de travail en forte augmentation, et des indicateurs de santé “au rouge”.
La productivité des cadres augmente avec le télétravail, les burn-out aussi : selon deux études parallèles, du groupe Adecco (1) et de l’Ugict-CGT (2), le télétravail est plébiscité par les salariés, notamment parce qu’il permet de travailler plus efficacement. Mais dans le même temps, une majorité des télétravailleurs, cadres ou non cadres, indiquent travailler trop, voire souffrir d’un burn-out.
98 % des salariés déclarent, dans l’étude de l’Ugict, vouloir continuer de télétravailler, en mode hybride. Et 82 % se disent tout autant, si ce n’est plus, productifs qu’avant ; citant “plus de concentration, d’efficacité et de d’autonomie” parmi leurs moteurs.
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40 heures de travail par semaine
Mais le revers de la médaille est le volume de travail égrené chaque jour. Ainsi, les répondants de l’étude de la CGT décrivent des semaines qui, souvent, dépassent les 40 heures. “Les journées de travail sont plus longues pour 14 % des personnes interrogées, et 63 % des salariés déclarent travailler 40 heures ou plus par semaine”, confirme de son côté Adecco.
Selon l’enquête de l’Ugict, deux tiers des répondants déclarent en outre recevoir des sollicitations durant leurs périodes de congés, dont 10 % “systématiquement”. Et le syndicat d’appeler à la mise en place d’un “réel droit à la connexion”. “Pour garantir ce droit, la loi doit imposer la mise en place de trêve de mails et de messages professionnels ! Rappelons, y compris pour les salariés en forfait jour ou en télétravail, que l’employeur est tenu de garantir le respect des durées maximum de travail et minimum de repos, de la règlementation en matière de travail de nuit et d’heures supplémentaires”, indique-t-il ainsi.
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Des cadres en burn-out
Résultat de cette charge de travail accrue : les cadres sont au bord de l’épuisement. Selon Adecco, la santé mentale des managers et des collaborateurs “s’est détériorée, plus de la moitié (54 % sur le plan international, 34 % en France) des jeunes managers ayant déclaré souffrir d’un burn-out.” “Les entreprises doivent repenser la façon dont elles peuvent davantage soutenir leurs employés et agir pour leur bien-être dans le cadre du nouveau mode de travail hybride. 67 % des non-cadres déclarent à ce jour que les managers ne répondent pas à leurs attentes en matière de prise en compte de leur bien-être”, observe Alain Dehaze, CEO du groupe.
Du côté de l’Ugict, on note que 45 % des cadres sont “en alerte dépressive” et 19 % présentent un “symptôme dépressif d’après l’échelle définie par l’OMS”. Les indicateurs en matière de santé physique et mentale “sont au rouge pour de nombreux salariés en télétravail, qui souffrent de sédentarité, mais aussi de troubles musculo-squelettiques (TMS) et de migraines. Une situation particulièrement dégradée en cas de non-respect du droit à la déconnexion”, insiste l’étude.
(1) L’étude du groupe Adecco porte sur les réponses de 15 000 personnes, dans 25 pays. Les répondants occupent des postes de bureau avec des contrats d’au moins 20 heures par semaine.
(2) L’Ugict-CGT a réalisé un questionnaire avec des statisticiens de la Dares et de la DREES, et l’a soumis à 15 000 cadres, pendant les mois de mai et juin 2021.